Heaven. # Heart Shapped Glasses.

J'ai toujours cru que j'étais cette petite fille. Tu sais, les petites filles qu'on regarde avec tendresse, celles qu'on idôlatrent dès qu'elles ouvrent les yeux pour découvrir le monde... Tu sais comme j'y ai cru, d'être comme celle qu'on aurait toujours désiré, celle qu'on attendait presque. Cette seule attention a toujours été mon canalisateur, comme si j'étais assujettie à l'envie d'être aimé par quelqu'un qui veuille de moi, par des personnes qui feraient de moi leur attraction favorite...
Lorsque je vins au monde, je venais d'ores et déjà rejoindre cinq frères avant moi. C'était plutôt une bande de joyeux lurons avec lesquels j'allais passer toute mon enfance. Ils étaient particulièrement gentils un peu chahuteurs mais je passais de merveilleux moments en leur compagnie. Bon, pour ce qui est de ma famille en général, c'était beaucoup moins le cas... Il faut dire que mes parents ont toujours cru en Dieu et aux autres divinations purement grotesques et je n'ai jamais vraiment accroché. Mes frères étaient tellement énergiques que mes parents ont commencé à davantage les mater. C'était une sorte de jeu au départ, mais ça a vite tourné court. Mon père a commencé à avoir la main dure sur mes frères et sur moi même. Il lui est arrivé de même les frapper... Mais ce ne fût qu'un temps. Un temps que je n'oublierai pourtant jamais... C'est un terrible fait.
J'avais seulement treize ans lorsqu'il leva la main sur moi. Je croyais qu'il ne le ferait plus, que Dieu l'empêcherait de me faire du mal, de me laisser me toucher. Il avait pris sa ceinture et me porta de grands coups sur les bras... Je n'arrivais plus, j'avais les larmes aux yeux, je le suppliais d'arrêter.Il me prétextait qu'il n'y était pour rien, que je devais arrêter de m'en faire pour rien. Je n'arrivais pas à croire ce que j'entendais, je subissais même ses coups, à répétition... Alors j'ai continué toute mon adolescence à essayer de m'émerveiller, de sortir de ce quotidien familial si décevant, si déroutant, si désobligeant...Je m'éveillais à la littérature, seul échappatoire à ma curieuse et douloureuse existence. A mes seize ans, j'ai fini par fuir. Cela ne m'intéressait plus d'être à leurs côtés, mes parents étaient de plus en plus invivables...
Je finis par prendre mes affaires et émigrais vers New York en quête d'une nouvelle vie. Je pus compter sur mon grand père qui me donna beaucoup d'argent pour m'aider à subvenir à mes besoins. Je m'installais à la Grande Pomme, une nouvelle vie s'offrant à moi..J'avais toujours eu un goût particulier pour la littérature. Je m'y attelai donc à présent, consciente que tout se jouait. Et voilà que ma vie commençait...