+ kiss kiss bang bang. (elliöt)

Un vent glacial fouetta ses joues déjà rosies par l'absence de chauffage dans l'obscure chambre. Elliöt tenait sa couverture sur son corps nu, il clignait rapidement des yeux et jetait de furtifs coup d'oeil vers la fenêtre ouverte. Trop haute. Elle laissait ce courant d'air l'atteindre et lui ronger l'épiderme de sa froidure insupportable. Le plancher grinçait, Ulrik faisait les cent pas dehors. Ulrik. Un homme à la carrure imposante, des mains assez grande pour vous écraser la tête d'une pression, des biceps à vous faire froid dans le dos. Et surtout, surtout; un regard dégoûtant. D'énormes yeux noirs, globuleux qui vous scrutent avec une impudeur gênante. Un regard qui, lorsqu'il le posait sur vous, donnait des envies de fuite. Fuir le camps de redressement pathétique dans lequel Elliöt était enfermé non pas parce qu'il avait été un gamin insupportable mais parce que ses parents avait une flemme intense de subvenir à ses besoins. On voulait les en dissuader. Mais ils n'ont rien écouté. Et maintenant, il se retrouvait dans cette bâtisse, emmitouflé dans une couverture rêche et respirant avec peine. Ulrik crapotait, dehors, son cigare allait et venait. Elliöt était docile, il attendait. Cette nuit cauchemardesque allait le délivrer. Le faire quitter cet endroit où le pauvre gamin était traité comme un vulgaire parasite; un bouffe reste qui s'approprie une part de nourriture en trop. Un mec qui de surcroît, est dans les bonnes grâces du surveillant tyrannique.
Tout a commencé plus tôt dans la matinée. Elliöt rinçait ses chaussures boueuses à cause d'une cueillette qui était partie en sucette dans la forêt. Elles étaient tellement dégueulasses qu'il avait l'impression de s'enfoncer dans le sol à chaque pas qu'il faisait. Les rires moqueurs le laissèrent insensible; plus que 6 mois dans cet enfer. Il ne tiendrait pas; même en faisait l'ignorant. Il ne tiendrait jamais. L'eau était gelée sur ses mains aux paumes abîmées, il frottait sans grande envie et jetait des coups d'oeil par-dessus son épaule, au cas où on essayerait de le pousser dans l'eau. Il en crèverait, certainement. Son asthme s'aggravait chaque jour dans cet endroit miteux bourré d'acariens. Une paume s'était écrasée sur son épaule. Le gamin avait laissé tombé ses chaussure dans le ruisseau et s'était dressé comme un piquet; le pion. Un sourire mauvais étirait les lèvres du mec à la carrure imposante; il avait le pouvoir. Ce qu'il aimait le pouvoir. Il posa un genoux à terre et se mit à la hauteur du brun. Elliöt vida son regard. Ulrik lui faisait peur. Et pourtant, ce gros pors l'aimait bien. Oh ça oui, il le trouvait mignon. Il était bien différent de toutes ces dures à cuire qui défilaient dans le camps pourri par les années. Regard perçant, air niais, apparence frêle et si attendrissante. Sa gaucherie était émouvante et il en tirerait bien un morceau. Il avait toujours le contact facile avec ce gamin. Ses mains dures, il les posait n'importe où. Elliöt frissonnait tant le contact le répugnait. Il manqua de glisser en arrière. « Quatorze ans hein ? » « Quinze ... » « Hum ? » « J'ai quinze ans, depuis hier m'sieur Denzel. » l'homme ria. Son rire était gras, peu chaleureux, comparable à celui des dits 'méchants' dans les contes manichéens. Elliöt força un rictus. « T'as envie de partir d'ici, hein ? » Elliöt ouvrit la bouche mais rien ne sortit. Il se contenta d'acquiescer, l'air penaud. « Tu sais quoi, pour ton anniversaire. » il passa une main grasse dans les cheveux d'Elliöt et lui expliqua avec mille et une précisions. Il l'attendrait, dans la bâtisse. Il ne dirait rien. À personne. Et puis, s'il était parfait, Ulrik lui signait un rapport d'expulsion. Ses parents n'auraient pas le choix que de le reprendre. Il serait libéré de cet endroit répugnant. (UNDERCO)