BELLE ♆ sex on fire

Tout débuta un treize novembre 19** ; ma naissance fut longue et quelque peu douloureuse pour madame Higgins - anciennement Ivaneshka -. Cette russe de vingt-quatre ans venait enfin de mettre au monde son deuxième enfant, une fille pesant pas moins de trois kilos et quelques. Les grands yeux de ce petit être vinrent alors à s'ouvrir timidement. Ses petits bras se dirigèrent vers celle qui était désormais sa mère pour le restant de sa vie. Cette dernière la porta alors et le fin corps de Ophelya-Belle se laissa bercer par la douce voix de sa maternelle. A ses côtés résidaient un autre enfant ; d'une taille et corpulence moyenne, des cheveux d'un blond couleur paille, des yeux bleus océan ainsi qu'une peau pâle. Aucun doute, il s'agissait bien de Célian Higgins le frère de ce nouveau-né. Un peu plus loin, l'air ébahi trônait son paternel monsieur Higgins originaire d'Irlande. Un sourire angélique s'afficha rapidement sur les lèvres des deux hommes présents dans la chambre confinée. Ophelya semblait être un ange tombée du ciel et pourtant, sa vie ne faisait que débuter, remplie de longues pérïpéties et semée d'embûches.

CHAPITRE ONE ♦ « the distance is quite simply much too far for me to row »

Mon enfance se déroula sans grande peine. C'est vers les trois ans que mes parents décidèrent de m'inscrire dans une des meilleures écoles privées que pouvait posséder l'Irlande Ce continent restait fascinant pour moi. Mes parents basèrent principalement leur temps libre sur mon éducation et ma culture. Je grandie comme toutes les petites filles de mon âge, entourée de mes parents et de mon frère. Ensemble, nous formions une famille soudée et puissante. Agée de dix ans, j'étais devenue l'une des meilleures élèves de toute la ville. Érudit, je m'essayais à l'anglais, une langue qui devînt très importante dans ma vie. Puis, l'espagnol. Plus tard, je savais que mon rêve allait pouvoir se réaliser, je savais que j'allais enfin pouvoir arpenter cette planète. Même à dix ans, je songeais déjà à quitter mes paternels pour parcourir le monde, découvrir de nouvelles cultures et de nouvelles contrées encore inexploitées. De plus, je commençais sérieusement à me passionner pour l'art ainsi que le mannequinât. Deux hobbies opposés certes, mais qui me fascinait. L'art et plus précisément la photographie. Lors de mon onzième anniversaire, mes parents m'offrirent enfin le cadeau dont je rêvais ; un appareil photo - non numérique, car cela n'existait pas encore - de la plus haute qualité. Il était vrai que la plupart de mes amis m'enviaient, car il me suffisait de demander tel ou tel objet à mes parents et je l'obtenais dans les plus brefs délais. Disons simplement qu'ils me cédaient tous mes caprices. Mon cœur était donc conquis et mon bonheur grandement retrouvé. J'utilisais dès lors mon nouvel objet, de nombreuses fois. Partout où j'allais, cet appareil me suivait. Je pouvais ainsi photographier de nombreux clichés ; une gare, un aéroport, de simples passants, des magasins de prêt-à-porter, des enfants s'amusant. Transformant ainsi chaque scène de la vie de tous les jours en un véritable évènement. Mes parents en étaient ravis et moi, comblée. Cependant, je fis part à mes parents de mon envie de voyager, m'aventurer dans divers endroits. Certes, à quatorze ans, cela leur paraissait assez jeune et pourtant, l'envie était réellement présente. De plus, mon frère Célian devait partir durant près de deux mois en Chine - pour un stage soi-disant - l'occasion rêvée pour moi de l'accompagner. (...)

Dès la confirmation tant attendue de mes braves parents, je partis en compagnie de mon frère direction la Chine. Je passais un mois de pures folies. Lorsque mon frère étudiait, je me contentais de photographier bon nombre de monuments historiques, ainsi que quelques passant(e)s. Je fis d'ailleurs la rencontre de jeunes étudiantes chinoises qui n'hésitèrent pas une seule seconde à me faire découvrir ce merveilleux pays. Mon retour en Irlande fut un véritable soulagement pour mes parents. La fin des grandes vacances s'écoulaient et la rentrée approchait lentement ayant ainsi acquis plus de trois langues dans mon vocabulaire - l'anglais, l'espagnol ainsi que quelques notions de chinois à présent - Mais ma soif de découvertes était loin d'être terminée, je n'en avais pas encore totalement fini avec cette planète qui me troublait de plus en plus.

CHAPITRE TWO ♦ « don't you let me go, let me go tonight »

J'entrais alors dans un lycée privé d'Irlande. Bon nombre d'étudiants me troublaient et chaque visage me faisait automatiquement rappeler que mon seul et unique but était de réussir mon cursus scolaire pour enfin partir d'ici. La photographie me passionnait toujours, mais un tout autre intérêt suscita mon attention toute particulière : le mannequinât. En effet, je m'étais épris de ce domaine - allez savoir pourquoi - j'étais mince, d'une beauté époustouflante, mais peut-être pas assez grande pour devenir une égérie de la mode. Cependant, lorsque l'on me proposa quelques séances de photo shoot, je n'hésitais pas une seule seconde et me faisait photographier avec plaisir. Face à l'objectif je ne paraissais plus être la jeune femme cynique, froide et affligée que je semblais paraître aux yeux d'autres personnes. A l'inverse, je souriais, riais aux éclats et m'adonnais volontiers aux ordres que l'on me donnait. J'étais devenue une tout autre personne.

Mes années au lycée se passèrent avec calme. J'obtenais de bonnes notes ce qui rendaient mes parents ravis. Malheureusement, durant quelques mois voir années, les relations auprès de mes parents ne faisaient qu'empirer. Le simple fait que je veille sortir le soir en compagnie de mes amis les agaçait au plus haut point. Alors, je le rétorquais froidement avant de tourner talons pour disparaître dans ma chambre. Mon frère Célian résidait également dans notre domaine familial, mais pour lui, la vie était plus simple et plus apaisante. Avec lui, j'entretenais une parfaite relation frère et sœur. On se disputait de temps à autres, mais sans plus. Rien de bien grave. Célian était probablement le seul être avec qui je pouvais discuter tranquillement, sans m'énerver. Je me sentais bien en sa compagnie ; il me rassurait et veillait sur moi comme tout frère ferait envers sa sœur. A l'âge de dix-huit ans, l'heure de mon examen final approchait. J'avais d'ores et déjà rempli de nombreuses inscriptions pour mes prochaines études à l'étranger. Mes parents avaient été avertis d'office : si j'obtenais mon diplôme et si j'avais la chance de pouvoir partir d'Irlande pour étudier dans une grande université, alors je n'hésiterai pas une seule seconde. Ils avaient approuvé bien que quelque peu réticents à l'idée que je puisse quitter un jour le cocon familial. Concernant les quelques inscriptions que j'avais pu envoyer, il y avait entre autre Harvard, Oxford, Yale, mais celle de mes rêves restait l'école de New-York située aux États-Unis. Pourquoi ce choix ? Tout simplement, car j'avais la possibilité d'étudier plus en profondeur la photographie. M'étant résignée au mannequinât - n'étant pas assez élancée - je me suis donc rabattue sur la photographie qui me plaisait davantage si ce n'est plus. Mon choix était donc fait. New-York ou rien d'autre. Une fois mon diplôme acquis avec les félicitations du jury, je reçus une lettre officielle de l'université de New-York.

Citation :

Chère mademoiselle Higgins
Nous avons bien pris en compte votre dossier et l'avons étudié avec beaucoup d'attention. Les notes obtenues au cours de votre parcours scolaire nous ont sincèrement satisfaits [...] Nous avons donc le plaisir de vous accueillir au sein de notre université au cours de l'année prochaine. Veuillez recevoir, mademoiselle Higgins nos salutations distinguées.

Tremblante, je me rappelle avoir sauté aux bras de mes parents à l'annonce de cette nouvelle. J'étais comblée à l'idée de savoir qu'une école aussi réputée que celle-là allait pouvoir m'accueillir. De plus, j'appris une autre bonne nouvelle ; mon frère Célian allait étudier dans cette même université en tant que professeur de littérature américaine. Le fait d'avoir mon frère au sein de l'équipe administrative de ma future université ne pouvait que me rendre davantage heureuse. Cependant, j'ai dû à nouveau convaincre mes parents de me laisser partir en compagnie de mon frère. Ce dernier m'a ainsi demandée de l'accompagner aux États-Unis afin d'y étudier le droit - dans l'espoir de devenir par la suite, journaliste - et de renouer avec ma passion : la photographie. Je ne pouvais qu'accepter sa demande. Mes parents décidèrent alors de me laisser partir, approuvant l'idée de mon cher frère. Le « nouveau monde » me tendait les bras. Impensable pour une fille comme moi de découvrir ce continent aussi immense et déroutant que l'Amérique. Cela fait donc quatre ans que je vis à New-York, étudiant pour ma dernière année, le droit.