what a feeling ? ▬ BRAVE&LEO

Photographier une émotion : voici ce qu'était le devoir donné la veille par notre professeur pour la semaine. Un devoir à faire en binôme. A peine le sujet de ce dernier donné que je m'étais mis avec Brave sans hésiter une seule seconde. Ma meilleure amie, quoi de plus normal donc ? Et puis, j'étais assez ''bloqué'' avec les émotions, les sentiments, je n'étais pas vraiment le genre de personne à savoir exprimer ce qu'il ressens, mais plus à rester dans mon coin, à enfouir ça en moi comme je le faisais depuis mon enfance déjà. Sans trop savoir quand ou comment faire ça, je m'étais levé ce matin avec l'intention de faire ça rapidement. Je pris une douche assez rapidement puis déjeunai, trois fois rien, comme à mon habitude, avant de saisir mon téléphone et d'envoyer un message à la jolie rousse au tempérament de feu.

Spoiler:

Ce fut sans attendre sa réponse que je me rendis dans ma chambre en désordre, attrapant des vêtements au hasard qui couvraient le sol pour pouvoir m'habiller rapidement sans prendre la peine de faire attention à ce que je mettais. Retournant au salon, je saisis mes clés et mon appareil photo et sortis d'assez bonne heure, une heure avant le rendez-vous que j'avais fixé. Je préférais arriver en avance, qui sait, peut-être qu'une fois sur les lieux, une brillante idée me traverserait l'esprit et nous tiendrons ainsi ''l'émotion'' à photographier. Je pris la direction du métro sans perdre un instant, la chaleur du soleil matinal caressant légèrement ma peau à travers mon gilet. En sortant, arrivant à Manhattan, je m'arrêtai un instant pour m'acheter un café avec le peu d'argent que je trouvai dans mes proches puis me rendis vers Central Park sous l'agitation matinal de l'arrondissement, semblant ne jamais être endormi. Je me posai sur un banc, mon café chaud dont la vapeur s'échappait toujours en main, attendant qu'il refroidisse pour ne pas me brûler, contemplant la beauté des lieux que je ne me lasserai jamais de prendre en photo. Je posai ce que je tenais pour me redresser et commencer à prendre quelques clichés pour m'occuper, attendant que Brave n'arrive, lorsque mon objectif s'arrêta sur une partie quasi déserte du parc. J'eus ainsi l'idée que j'espérais avoir. Cependant, je n'eus pas le temps d'y réfléchir plus longtemps que lorsque je relevai légèrement la tête, j'aperçus au loin celle que j'attendais depuis maintenant plusieurs minutes.

Tout en attendant qu'elle arrive jusqu'à moi, je me replongeais dans mon activité favorite, continuant de prendre quelque clichés du paysage que m'offrait le parc à cette heure-ci du matin. Lorsque je l'entendis proche de moi, lorsque j'entendis sa voix à peine à quelques mètres, je souris un instant tout en me redressant pour pouvoir lui faire face. Ma couleur de peau passa de pâle à rougeâtre en l'espace de quelques secondes lorsque mes yeux se posèrent sur la tenue qu'elle abordait, quelque peu sexy et aguicheuse, ce qui me fit tout de suite détourner le regard, ma timidité légendaire prenant le dessus bien que je savais qu'il n'y aurait jamais rien entre Brave et moi. « Salut ! Toujours bien de si bon matin, et toi ? », répondis-je doucement en faisant mine de me concentrer à nouveau sur ma tâche et mon appareil.

Je ne pouvais m'empêcher de la regarder du coin de l’œil de temps en temps, voyant ainsi ce qu'elle tenait dans les mains. « Je vois que tu n'es pas venue les mains vides. », dis-je en faisant référence aux beignets qu'elle avait sans doute été cherché pour nous deux. Je souris un instant tout en replaçant l'appareil autour de mon cou, retournant alors pour m'éloigner un peu en direction du banc sur lequel j'avais posé mon café maintenant froid, ce qui me fit grimacer lorsque j'en bus une nouvelle gorgée. « J'ai pas très faim, mais si tu avais un café chaud avec toi, ce serait parfait ! »

Je ne pouvais que me mordre très légèrement la lèvre lorsque je l'entendis dire qu'elle avait froid un peu froid. En voyant sa tenue, ce n'était pas vraiment étonnant qu'elle ait froid par ce temps, même si j'essayais de ne pas trop y jeter un œil pour éviter de rougir encore plus, ce qui serait assez contraignant puisque nous allions sans doute passer toute la journée ensemble. Je m'étais évidemment déjà imaginé ce qu'il pourrait se passer entre nous, mais je n'osais même pas imaginer de concrétiser cette pensée, c'était ma meilleure amie, bien qu'elle s'amusait à me torturer en s'habillant ainsi. Je jetai mon café froid dans la poubelle se trouvant à côté du banc et repris mon appareil photo en mains, reprenant d'autres clichés, dans le vent, m'occupant à nouveau l'esprit. Ma couleur de peau changea de nouveau lorsque je la sentis par-dessus mon épaule, observant à son tour ce que je faisais. Souriant en l'entendant, je laissai de nouveau mon pour me jeter sur le café, métaphoriquement parlant évidemment, la remerciant. Un café chaud par cette froide matinée, rien de mieux pour me réchauffer ainsi que pour chasser ses idées qui parcouraient mon esprit depuis son arrivée. Prenant une gorgée, je manquais de me brûler la gorge. Il était effectivement plus que chaud. Toussant légèrement, je le reposais pour le laisser refroidir un peu, n'attendant cependant pas trop.

La regardant dans les yeux pour éviter de regarder ailleurs, je lui répondis en bégayant légèrement, ce que je faisais lorsque j'étais gêné, ou stressé, perdant ainsi mes moyens. « Je... Je ne vois pas pourquoi j'aurais peur de toi. », répondis-je d'une manière la moins crédible du monde. Elle savait bien que ça me gênait et elle s'amusait avec ça, bien que ce soit loin de me faire mourir de rire. Je hochai légèrement la tête, essayant de sourire un peu plus, de récupérer mes moyens. « Je prends des photos pour me vider l'esprit, histoire de trouver une émotion pour notre devoir et je pense que j'ai trouvé. Pourquoi pas l'impuissance ? », continuai-je un peu plus serein. Cette idée m'était venue parmi toutes les autres émotions que j'avais déjà ressenties. La haine, la colère, la solitude, l'insécurité... L'impuissance se démarquait le plus. De toute mon enfance passée loin de cette joie que je connaissais dans les rues de New York, j'avais toujours été impuissant face à mes parents, face à ma vie entière. C'était cette impuissance qui m'avait menée à la solitude que je m'inflige à présent. J'attendais alors son avis, reprenant mon café en main, un peu moins chaud. « Qu'est-ce que tu en penses ? »