MATTHIS ✎ She's not afraid to all the atention but she's afraid to fall in love.

Jilian & Matthis

J'ai ouvert les yeux la première fois, il était cinq heure. Bordel ! J'avais sommeil et mon cerveau s'entêtait à me réveiller. À croire que je m'auto-gâchais la vie. Je m'étais pourtant couché tard. J'avais une envie irrépressible de dormir, mais non. Monsieur mon cerveau avait décidé que j'avais eu ma dose de sommeil, alors il me faisait tousser au moment où mes paupières se fermaient. Ou il me donnait soif. Seulement de petites choses agaçantes au plus haut point. Il était six heure vingt quand je me suis extirpé de mon lit pour de bon. Un verre d'eau plus tard, j'étais appuyé contre la table minuscule de mon studio à regarder les phares des voitures se croiser dans la pâle lueur des lampadaires de la rue en bas de chez moi. Je distinguait parfaitement les étoiles, et la Lune qui déclinait doucement. J'avais l'impression de ne pas avoir regardé le ciel depuis une éternité. J'ai tenté de reconnaître les quelques constellations que mes instituteurs avaient eu tant de mal à me faire apprendre, en vain. Après tout, ici, le ciel était à l'envers de ce que je connaissais. J'avais cette excuse-là !
C'est quand mon réveil a sonné, vers huit heure, et que le soleil a commencé à enfin m'éblouir à travers la vitre que j'ai bondit sous la douche. Et, comme à l'habituée, mon Ipod, branché sur les enceintes, s'est mis à brailler. J'ai plaint mes voisins quelques secondes de m'avoir à côté de chez eux. Je devais être insupportable. Il était seulement huit heure et quart quand je me suis mis à jouer de la Air Guitar, les cheveux encore mouillés, et vêtu d'un simple caleçon, sur une chanson célèbre de Joan Jett, en hurlant des paroles que je connaissais par coeur. J'ai éclaté de rire en me laissant lourdement tomber sur le lit quand mon estomac est passé en mode vibreur.
J'ai enfilé le premier T-Shirt qui me passait sous la main. Une marinière. Un jean enfilé plus tard, je vidais le contenu de mon porte-monnaie sur mon couvre-lit dans l'espoir d'avoir assez de sous pour aller prendre un bon petit déjeuné au Starbuck en face de chez moi. Je n'aimais pas manger seul, alors c'était un excellent remède. Mon maigre pactole devrait suffire, ai-je supposé. J'ai donc sauté dans mes chaussures, puis sur le pallier, ai pris soin de fermer ma porte à clé, puis l'ai rouverte pour aller chercher mon portable et les quelques dollars qui étaient restés sur le lit. J'ai pris mon Ipod aussi, on ne sait jamais. Et je suis enfin parti.
Il ne faisait pas si froid que ça, pour cette époque de l'année à New York. Il faisait même étonnamment doux. J'ai souri en marchant lentement jusqu'au passage piéton. Je n'avais pas cours avant le début de l'après midi. C'était plaisant.
C'est en attendant que le feu passe au rouge pour que je puisse traverser que je l'ai vue. Chaque fois elle me faisait un effet comme ça. Un "Ouah." admiratif. Une grande claque dans ma gueule. Jilian. C'était une amie. Seulement une amie. Cette fille était parfaite ! Comment j'aurais pu ne pas en tomber amoureux, hein ? Elle était douce, généreuse, assez patiente pour passer du temps avec moi, gentille avec tout le monde, et puis elle était belle ! Tellement belle. Même vêtue de son Jogging quand elle courait.
Une folle minute, j'ai hésité, puis je me suis approché d'elle. Après tout, on était amis non ? Rien de plus normal, donc, que j'aille la saluer. Je me suis approché doucement d'elle, un sourire collé aux lèvres.

- Bonjour mademoiselle, ai-je dit en arrivant près d'elle, lui enlevant un écouteur pour le mettre dans mon oreille.

Jilian & Matthis

On traversait la rue. Sa voix ! Sa voix. SA voix. Envoûtante. Parfaite. Merveilleuse. J'avais envie qu'elle parle encore. Juste pour le plaisir de l'écouter parler. Et puis, comme Jilian est parfaite, elle est intelligente, et c'est génial de lui faire la conversation. Elle écoutait de la musique parfaite pour courir. Rythmée, mais pas trop. Juste motivante. Les bandes blanches passaient trop vites sous nos pieds. Tellement vite que j'ai eu envie de ralentir. De ne jamais arriver au Starbuck, de ne pas m'éloigner d'elle.
Mais il a fallu remonter sur le trottoir à un moment. Alors je me suis positionné en face d'elle, un peu gêné. Un peu timide.
- Je... Tu... Je t'offre à boire ?
Je lui ai indiqué le Sarbuck d'un menton. Jilian était plus petite que moi d'une bonne tête. La chanson s'est terminée et une autre a débuté. Je souriais comme un con - que je suis probablement. Je regardais les gens se presser d'un endroit à un autre, autour de nous. Je n'osais pas croiser le regard si perçant de Jilian, je crois.

Jilian & Matthis

Ça a dû s'entendre. Je parle de mon soupire de soulagement. Elle avait accepté. Elle avait accepté, bordel ! J'avais envie de la serrer dans mes bras. De faire la danse de la joie. Mais au lieu de ça, je me suis comporté en personne presque civilisé, que j'étais censé être, d'ailleurs, j'ai simplement souri. Un sourire sûrement un peu rêveur. J'ai précautionneusement retiré l'écouteur de mon oreille pour le rendre à sa merveilleuse propriétaire. J'ai pris Jilian par le coude pour l'entraîner à l'intérieur. Le café était peu peuplé encore. Il était moins de neuf heure. Je me suis avancé vers le comptoir et ai commandé un chocolat chaud, comme tous les matins. Je n'avais jamais aimé le café. La vendeuse m'a demandé mon prénom pour le gobelet, me fixant étrangement. Il me semblait pourtant qu'à part le fait que je ne m'étais pas rasé, je n'avais rien d'inhabituel sur le visage. Elle paraissait... Je ne sais pas. Hypnotisée. Elle ne voyait même pas Jilian à côté de moi. Je me suis d'ailleurs tournée vers elle.
- Alors, que puis-je t'offrir ? ai-je demandé, toujours aussi souriant.
J'avais envie de... Rah. Je n'avais même plus faim. J'avais envie de la serrer contre moi. De passer des heures à la regarder. À l'écouter. De lui raconter ma vie. De tout savoir sur elle. J'avais envie de l'embrasser aussi. De l'inviter au cinéma, au restaurant. Moi ? Fou ? C'était certain.