cassie ⊱ damn your eyes.

« YO, WOODSTOCK, BOUGE TON CUL. TU VAS ÊTRE EN RETARD POUR TON AVION ! » Hm, s’il le dit. Au pire, j’prendrai un autre ticket, j’m’en fous. C’est lui qui a lancé l’idée qu’on passe notre dernière soirée à fumer des pétards, pas moi. J’repose ma tête sur mon oreiller, m’enfonçant dans mon lit en ignorant mon colocataire pourri. L’avion que j’dois prendre pour New-York, parce qu’on m’a proposé un job là-bas. En fait, ouais, j’devrais me réveiller. J’ouvre les yeux, mets une jambe hors de mon lit, puis l’autre et finalement, je me lève et marche jusqu’à la cuisine. « Enfin réveillée… j’t’ai pas dit, mais en fait, tu prends ton avion que dans six heures. » Le sourire fier qu’il affiche me pousse à lui foutre un coup de poing dans l’épaule, auquel il fait semblant d’avoir mal en se foutant de moi. Williams, mon colocataire, accessoirement meilleur ami qui est aussi mon alter-ego. Un pur casse-couilles qui est prêt à tout pour me gonfler, même le jour où j’pars pour New-York. Je soupire et prends mon petit-déjeuner en m’installant sur le canapé. L’initiative de partir à New-York m’enchante pas vraiment, parce que je vais connaitre personne, mais j’pouvais pas dire non à l’offre d’emploi en tant que photographe dans les évènements sportifs en tout genre. Y a toute une liste de bonnes raisons pour lesquelles partir est une très bonne idée. C’est juste que mon entourage va me manquer, dont Cayden, qui est censé me rejoindre à l’aéroport tout à l’heure, mais tel que je le connais, il va oublier. Il m’appellera demain pour s’excuser et j’lui dirai que j’lui en veux pas, puis il passera me voir là-bas au bout de quelques semaines. Puis bon, dans le fond, ça pourra pas me faire de mal de changer d’environnement. Parce qu’ici, c’est pas dit que j’avance sur quoi que ce soit. Entre mon appartement avec Williams et mes relations longues non-existantes avec les hommes, j’arrive à me concentrer à que dalle ici, j’suis trop dans mon petit confort. Puis prendre des photos des évènements sportifs à New-York, honnêtement, j’sens que j’vais prendre mon pied comme pas permis. « J’sais que j’vais te manquer, blondasse, mais faudra pas que tu pleures à l’aéroport, hein. » Je tourne la tête vers lui, le regarde sérieusement avant d’attraper le reste de mon bol de céréales pour lui verser sur la tête. Un sourire se forme sur mes lèvres alors que j’le vois qui tente de pas s’énerver contre moi et se foutre à hurler comme le trisomique qu’il est. « Tu disais ? Moi, pleurer pour ta tronche de débile mental, pas moyen. » Et le pire c’est que c’est vrai. Certes, il va me manquer, parce que je pouvais me plaindre de tout avec lui et il comprenait. Suffisait qu’on se lance un regard pour qu’une connerie soit enclenchée, même si on est censés être mature parce que j’ai vingt-cinq ans, lui vingt-sept, mais bon… suffit qu’on soit dans la même pièce pour qu’un tas de conneries se produisent… bref, je range mon bol dans l’évier et vais me changer dans ma chambre. Mes affaires sont prêtes et l’idée de partir d’ici me rend assez triste en fait, parce que j’vais prendre tous mes piliers. Mais, de toute façon, je suis Cassiopea Woodstock et c’est pas de changer d’état qui va me déboussoler.

Je soupire en entrant dans mon bureau, m’installant directement sur ma chaise face à mon écran d’ordinatrice histoire de voir ce que les photos que j’ai pris hier soir donnent. Je soupire encore une fois quand le téléphone se met à sonner avant de répondre en levant les yeux au ciel. « Woodstock ? J’ai une mission pour toi. » Mon patron, il a la quarantaine, est suffisamment autoritaire pour obtenir ce qu’il veut, mais arrive quand même à être aimable quand on lui donne de bonnes photos. Ceci dit, parfois, il est horriblement emmerdant, sauf qu’évidemment, on n’a pas le droit de se plaindre. Puis J’ai pas le temps de répondre qu’il est déjà reparti dans sa lancée. « Le nouveau coach de l’équipe de football de l’université de New-York, Reed Halesworth, faudrait que tu trouves quelque chose pour qu’on puisse avoir des photos de lui. T’as remarqué qu’à part aux matchs, on le voit nulle part aux évènements officiels… J’ai vu que vous étiez à UCLA en même temps, que tu le connaisses ou pas, j’m’en fous, suffit juste que t’arrives à l’emmener à un évènement et j’t’augmente ton salaire. Bonne journée, Woodstock. Je compte sur toi. » Il raccroche, j’respire. Ouais, je respire normalement, j’vais tuer personne. Je prends une grande inspiration et me demande si en réalité, j’ai bien compris ce qu’il vient de me demander. Sérieusement, comment j’suis censée faire ça ? Premièrement, j’ai pas envie de lui adresser la parole. Deuxièmement, il n’aime pas être le centre de l’attention, alors j’sens qu’il va m’envoyer me faire foutre. Troisièmement, non, c’est pas possible. Ouais, je le connaissais à UCLA, même plus qu’une simple connaissance si on part sur ce terrain-là. J’lui ai couru après pendant perpette, j’ai fini par l’avoir, puis j’ai merdé avec Williams, il l’a appris, il s’est cassé avec l’autre cinglé de McAllister et depuis j’arrive même pas à voir sa face en peinture. En plus, cet enfoiré est toujours aussi canon qu’avant ce qui m’énerve d’autant plus. J’ai appris pour son accident, ça m’a fait chier pour lui, mais j’ai pas pris la peine de faire plus que ça, parce que de toute façon, ça servait à rien. Il a déjà dû avoir assez de personnes sur son dos à cause de ça, ça servait à rien que j’en rajoute. Bref, j’vois pas comment j’suis censée faire la fille adorable avec lui et il me connait suffisamment que si j’suis trop gentille, c’est pas sincère. Mettre mon ‘égo de côté’ va être compliqué, très compliqué même. Fuck, j’déteste mon boulot dans ce genre de moments. J’mets ma tête entre mes mains et me demande si je ferais pas mieux de sauter par la fenêtre tout de suite. Me retenir de l’envoyer se faire voir, de l’insulter sur place et d’exploser en face de lui. Inutile de dire que ça doit être une grosse blague que mon patron vient de me faire, parce que sinon, j’ai du mal à le suivre. Putain, faut que j’m’en remette, de toute façon, j’finis toujours par avoir ce que je veux, même avec Halesworth, puisque je le voulais et j’l’ai eu. J’trouverais un putain de moyen pour le trainer aux soirées sportives, même si je dois faire la grosse hypocrite pour le faire… Voilà encore un défi à relever et j’sais que Reed est pas le genre de mecs qui accepte des trucs facilement, pourquoi lui putain ?[/b]