CHARLIE ▼ HOTTER THAN A FANTASY.

PARIS. ▽ « Je t’envoie à New York, Charlotte. » Mon père était un homme très riche. On vivait tous les deux à Paris depuis maintenant trois ans. J’avais dix-huit et quatre mois et cela faisait exactement quatre ans que ma mère était morte. Nous avions quitté Lille à cause de son décès, beaucoup trop de souvenirs empêchaient mon père d’avancer et c’est pour ça qu’il avait décidé de déménager. Et à vrai dire, je ne pense pas qu’il le regrette aujourd’hui. Il avait réussi à se faire une place intégrante là où il travaillait et rares étaient les gens qui ne le connaissait pas. De mon côté, j’étais envoyée dans des établissements internationaux, pour soi-disant « améliorer » mon anglais. Je comprends maintenant quel était son but. « Pourquoi ? » Il m’a rarement appelé Charlotte. J’avais toujours eu l’habitude, depuis que j’étais petite, d’être appelée Charlie. La dernière fois qu’il m’avait nommé ainsi avec un ton aussi sérieux, c’était pour m’apprendre que je ne reverrais plus jamais ma mère. « Tu m’as toujours dit que tu voulais devenir commerçante non ? Tiens, je te donne ta nouvelle carte bleue, ne t’en fais pas, elle est pleine et le sera toujours. Et puis tu veux un nouveau téléphone ? J’ai entendu dire que les smartphones étaient plutôt pas mal. » Malgré le fait que mon père soit riche et connu, nous avions toujours une relation père/fille normale. Ce que je veux dire est qu’on ne s’est jamais rien caché, il y avait des moments où je ne le considérais pas comme un père, mais plutôt comme ma mère. Je sais que c’est étrange mais c’était comme ça entre nous. Je voyais bien qu’il était en train de me mentir, c’était du délire son histoire de smartphone. « Papa, je veux pas … » Il était la seule famille qu’il me restait. Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’il me posa une carte bleue, un téléphone et un billet d’avion dans ma main en me disant de faire mes bagages. Mon avion décollait le lendemain à midi.

NEW YORK. ▽ New York est une ville complètement différente de Paris, selon moi du moins. Cela faisait maintenant quatre mois que je vivais ici et je me rends compte que ce n’est pas parce que mon père voulait que je réalise mon soi-disant rêve. Je n’ai jamais voulu être commerçante. C’était ma mère qui était commerçante. J’y avais réfléchi durant mon vol Paris/New York. On a en quelques sortes perdu contact lui et moi. La plupart du temps c’est moi qui l’appelle, mais le plus souvent, il est en réunion ou il ne décroche pas. J’ai envie de dire que j’ai pris l’habitude d’être ignoré par lui mais non, il me manque terriblement et puis mes études ici ne sont pas terribles. « Vous pouvez insérez votre carte. » J’étais parti m’acheter quelques bricoles pour mon appartement. J’avais emménagé il n’y avait pas longtemps, j’en avais eu ras le bol de la chambre étudiant de l’université. Carte invalide. Malgré les nombreuses tentatives, je décide de me placer à côté de la caisse pour ne pas ceux derrière moi qui étaient déjà en train de grogner. Mon père ne décroche pas et pourtant j’insiste de multiples fois sans m’arrêter. « Allô ? » Ah bah enfin. Sans me préoccuper de ceux autour de moi, je commence à faire la morale à mon père tout en haussant le ton avant de me calmer pour lui expliquer quel était le vrai problème. « Ah, la carte oui … Et bien j’ai quelques problèmes financiers ces derniers temps tu vois ? » C’était la meilleure. Je me retrouvais à la caisse avec deux chariots pleins de pots de fleurs inutiles, des miroirs, des rideaux ou des boites à gogo. Je venais de faire le plein pour mon chez moi et mon père m’apprenait que je pourrais repartir les mains. « Qu’entends-tu par là ? Sommes-nous pauvres ?? » J’étais affolée, d’où ma façon de parler. Heureusement que les autres ne pouvaient pas comprendre étant donné que c’était du français. De toute façon, c’était ça : mon père et moi n’étions plus riches à présent.

NEW YORK. ▽ « PHOENIX !! Je t’avais déjà dit de ranger tes caleçons tout crades, n’est-ce pas ? » Phoenix ? C’est mon mari. Ça a été assez précipité entre nous et j’ai envie de dire que je n’aurais jamais cru en arriver là. Moi, mariée, vous y croyez ? Mon père n’est pas au courant de ça, je ne lui ai plus parlé depuis plus de trois ans. Quant à lui, j'ai compris que ses activités n'avaient rien de légal, au contraire. Il vendait de la drogue, dealeur c'est comme ça qu'on les appelle ces mecs baraqués qui faisaient pression sur la clientèle dépendante pour qu'ils payent la note. Malgré toutes les épreuves qu’on avait parcourues ensemble, je ne pouvais pas lui pardonner toutes ces années de mensonges. Voilà la raison pour laquelle j’ai épousé Phoenix. Mon visa avait expiré et il me restait peu de temps avant de devoir rentrer en France. « Mais non ils sont pas crades, je les ai porté qu’une fois. » Bon d’accord j’avais peut-être choisi un mari un peu spécial mais bon, ça fait deux ans que je le connais. Deux ans qu’on vit sous le même toit, dans cet appartement tout pourri. Et puis il faut dire qu’il était consentant, je ne l’ai jamais forcé à m’épouser. J’avais bien besoin d’argent pour le payer le loyer et puis je n’appréciais pas vraiment la solitude. J’avais arrêté mes études, lorsque j’avais appris que mon père n’avait pas assez d’argent pour me payer mes cours de droit, j’avais tout laissé tomber et je m’étais mise à faire différents boulots histoire d’avoir le nécessaire pour vivre. « Euh … T’es pas sérieux là ? » Caissière. J’étais caissière, du moins pour le moment. Il y a encore deux mois j’étais vendeuse de journaux. Tout ça pour dire que je n’aurais jamais imaginé ma vie ainsi, encore moins dans des conditions pareils. Mais je ne regrette rien pour autant, ma vie à New York est mille fois mieux que celle que je vivais à Paris. « Je suis censé dire non c’est ça ? … Bah non alors. »